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L'industrie du troisième millénaire

  in Paris Match, du 30 août 2001

 

  Paris, future capitale mondiale de l'art    

Nutrisco et Extinguo

 

C'est la certitude du patron d'Artprice.com. Il révèle que 192 professionnels étrangers cherchent à s'établir en France.

«Paris va redevenir en 18 mois la première place mondiale de l'art : 192 professionnels du marché de l'art veulent profiter de la réforme des ventes publiques enfin passée dans la loi le 10 juillet dernier pour s'installer en France, y procéder à des enchères et peut-être même y établir leur siège social.» La prophétie, pour le moins surprenante dans un secteur que l'on dit tétanisé par la perspective du changement, provient d'un homme d'affaires de 39 ans aux allures de gourou, Thierry Ehrmann, fondateur et P.-d.g. d'une galaxie de sociétés qui ont, depuis déjà vingt ans, Internet comme ressort. La plus connue d'entre elles, Artprice.com, créée il y a trois ans, a même reçue l'onction de Bernard Arnault, sous la forme d'une participation de 17 % au capital. «C'est un garçon extrêmement intelligent», concède avec le plus grand sérieux le jeune entrepreneur à propos de son auguste partenaire... Véritable bible du «fine art», son site Internet recense (en version papier également) toutes les cotes de tous les objets d'art, des deux derniers siècles jusqu'à nos jours. Un travail de titan réalisé grâce à l'étude –et au rachat progressif– des plus grands albums de cotation de l'Histoire. Cette activité ne représente que la face émergée du Groupe Serveur, 10 % d'un chiffre d'affaires de 500 millions de francs. Fondé et animé au quotidien par ce rejeton incontrôlable de la grande bourgeoisie lyonnaise, le groupe reste à 100 % la propriété de son fondateur et d'une famille pour le moins élargie : l'anticonformiste, franc-maçon déclaré, partage ouvertement sa vie avec deux femmes. Il a financé sa croissance, depuis 1987, uniquement par des fonds propres et opère depuis un hameau des environs de Lyon, dans le cadre déroutant d'un relais de poste du XVIe siècle, truffé autant d'ordinateurs que de pièces de collection –peintures, anciennes et contemporaines, sculptures, photographies, et meubles haute époque–. «Le savoir est notre matière première, c'est le nerf de l'économie du XXIe siècle», professe-t-il. L'accessibilité à la connaissance, représentera, selon lui, en 2005, 50 % du P.i.b. aux Etats-Unis, 35 % en Europe. Pour ce «start-upper» avant l'heure, Internet est une culture –et non une technique– et le capitalisme culturel a remplacé l'industriel. C'est de ce poste d'observation privilégié –à la connexion des quelques 3 000 maisons de ventes et professionnels de l'art qui sont à la fois ses sources d'informations et ses clients à travers le monde– que Thierry Ehrmann a obtenu la certitude, «nucléaire» selon lui, qu'il livre en exclusivité à Paris-Match : «Non, la place parisienne n'est pas enterrée pour l'art, Américains, Anglais, Néerlandais et Allemands (dans l'ordre) sont en train de passer les 315 études françaises de commissaires-priseurs au scanner»... Des tours de table se constituent, selon lui, en vue de nouvelles sociétés de vente, et des préformulaires d'introduction en Bourse se rédigent, alors que le tout nouveau «Conseil des ventes volontaires aux enchères publiques», nommé le 5 août et chargé de délivrer avant décembre les agréments aux impétrants, en est encore à s'occuper de son propre règlement intérieur ! «Ils vont crouler sous les demandes», prophétise encore le visionnaire des réseaux, qui tient son chiffre de 192 postulants potentiels d'une enquête effectuée depuis décembre 2000 auprès de ses corespondants. «Le nombre des opérateurs va doubler et le chiffre d'affaires du secteur au moins tripler», assure-t-il, tout en mettant la dernière main à son «Code des ventes volontaires et judiciaires», l'outil officiel qui va désormais réglementer une profession chamboulée.

Sylvie Santini
copyright ©2001 Paris Match

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